Uberisation des jardineries ?

Le mot est sur toutes les lèvres. On pense souvent que seuls quelques domaines sont touchés, comme le tourisme (Airbnb, Booking), les transports (Uber ou Blablacar), la livraison (Deliveroo) ou les librairies (Amazon). Mais en fait, il n’en est rien. Tous les secteurs sont susceptibles d’être ubérisés.

Chaque jour de nouvelles applications et des startups émergent qui viennent bousculer des pans entiers de l’économie traditionnelle : banque, assurance, pharmacie, droit, …  Et demain, à qui le tour ? Nul doute que les jardineries, les magasins de décoration et d’aménagement de la maison seront touchés un jour ou l’autre.

uberisation

Uberisation : de quoi parle-t-on ?

L’uberisation est née de la rencontre de trois grandes tendances de l’économie actuelle :

  • La digitalisation omniprésente: les innovations technologiques se multiplient et bouleversent tous les métiers.
  • L’expérience de consommation évolue vers plus d’indépendance par rapport aux marques et aux entreprises et une recherche constante de plus de service, plus de valeur, plus de qualité.
  • L’émergence d’une économie du partage où les individus souhaitent maîtriser leurs choix, leur consommations, leur mode de vie et échanger avec d’autres personnes ayant les mêmes centres d’intérêt.

L’ubérisation est une lame de fond qui va petit à petit modifier nos modèles économiques. Elle consiste en

  • L’utilisation de plateformes mettant en relation directe professionnels et clients, de manière instantanée, pour offrir des services innovants et simples.
  • La mutualisation de la gestion administrative et des infrastructures pour réduire le coût de revientet le poids des formalités pour les usagers.
  • L’utilisation des nouvelles technologies (haut débit, internet mobile, smartphones, paiement en ligne et géolocalisation) pour réinventer un métier.
  • L’évaluation croisée du service par le client et du client par le prestataire devient le garant de la qualité du service rendu.

Si on considère que [l’ubérisation] est l’arrivée d’un concurrent issu du numérique qui bouleverse un secteur resté trop traditionnel en s’appuyant sur la technologie et sur la création de nouveaux usages, on peut dire que tous les secteurs vont être touchés. (Akkanto – Christophe Charlot)

L’étape suivante viendra de l’intelligence artificielle qui émerge. Beaucoup de gens restent sceptiques par rapport à ça, mais on voit que les algorithmes intelligents et les robots vont être très rapidement capables d’effectuer des tâches que l’on croyait exclusivement réservées à l’être humain.

Enjeu de l’uberisation

Repenser ses pratiques métier, innover et intégrer les nouvelles technologies dans leurs offres afin de proposer de nouveaux services et un meilleur rapport qualité/prix.

Concrètement, pour les banques, c’est le BigData et le Blockchain qui vont leur permettre de mieux évaluer leurs risques et d’optimiser leurs transactions. Pour les assureurs, c’est le BigData mais également les objets connectés qui va les aider à mieux tarifer leurs primes. L’impression 3D et les objets connectés doivent permettre aux industriels de rendre leurs processus d’ingénierie et de production plus rapides et efficaces. Et le machine learning permettra aux sociétés de services de proposer des services d’entrée de gamme de qualité à leurs clients. Etc. (Figaro)

Avantages de l’uberisation

Pour le client :

  • De nouveaux services à un coût avantageux
  • Un contact direct et simplifié entre professionnels et consommateurs
  • La garantie d’un service de qualité grâce aux notations et commentaires en ligne
  • Un environnement de confiance (paiement, avis utilisateurs, accessible à tout moment via smartphone)
  • Un service quasi immédiat ou en tout cas réalisé très rapidement

Pour le professionnel :

  • Repenser son business model en profitant des atouts de l’internet et de l’économie du partage
  • Maximiser l’expérience client grâce à une meilleure connaissance du marché et des attentes des clients
  • Créer et animer une communauté de passionnés via une place de marché virtuelle
  • Engranger des revenus supplémentaires et réguliers (via des offres packagées ou des événements créateurs de valeur)
  • Des possibilités accrues de diversification, innovation, en s’appuyant sur l’intelligence collective
  • Créer de nouveaux services basé sur la tendance émergence privilégiant la location plutôt que la possession

Dangers de l’uberisation

Ce concept entraîne également une précarisation des conditions de travail.

  • Les nouveaux travailleurs indépendants ne bénéficient d’aucune garantie et sont souvent mal payés.
  • L’économie à la demande risque d’éliminer bien plus d’emploi qu’elle n’en crée. Il en ressort une polarisation du monde du travail qui a déjà commencé.

Face à la déferlante des start-up, certains ont en effet choisi de se jeter dans la bataille, sans craindre de cannibaliser leur business. Pour faire revenir les jeunes bidouilleurs habitués à louer le matériel des autres sur des sites comme Zilok, Mr Bricolage a lancé par exemple sa propre affaire de prêt d’outils entre particuliers, Ladepanne.fr. (capital.fr)

Vers une simplification des services

Fini les devis, les délais, les offres à rallonge. Aujourd’hui ce que les consommateurs recherchent, ce sont des prestations forfaitisées, faciles à réserver (en ligne de préférence).

Êtes-vous prêt à relever le défi de l’ubérisation ?

Il est temps de sortir de la guerre des prix et de s’attaquer à la valorisation de l’expérience consommateur. Il est temps aussi d’entrer de plein pied dans l’ère du digital et de l’économie collective.

Christophe Charlot, spécialiste de l’uberisation en Belgique, nous explique comment procéder :

La première étape pour tous les métiers confrontés à l’uberisation est d’identifier là où ils sont mauvais et leurs services qui ne sont pas optimaux. Car c’est là que se trouve la porte d’entrée utilisée par toutes les start-ups qui cherchent à réinventer un métier.

La deuxième étape face à l’uberisation consiste, au contraire, à identifier ses points forts, afin de voir si la valeur ajoutée qu’on apporte à ses clients tient suffisamment la route face à de nouveaux acteurs du numérique.

Troisièmement, il faut soi-même utiliser le numérique pour doper sa proposition de valeur au client, en voyant comment intégrer des nouveaux outils pour les mettre à disposition de ses clients. En quelque sorte, il faut oser s’uberiser soi-même. On peut comparer ça à ce qu’Apple a osé faire en lançant l’iPhone. Ils savaient que cela risquait de tuer l’iPod, qui était leur appareil phare de l’époque, mais ils l’ont fait quand même. Pour prendre ce genre de décisions, il faut du courage.

Vous n’y croyez pas ? Vous vous sentez intouchable ? Réfléchissez à cette réflexion que pourraient avoir certains de vos clients :

Je n’ai pas le temps de me rendre dans une jardinerie aussi souvent que je le souhaite.  C’est la raison pour laquelle j’ai souscrit à un abonnement au « Club des Semences ». Chaque mois je reçois une variété de semences livrées directement à domicile (ce service existe aux États-Unis et Canada). Bien sûr j’irai encore visiter ma jardinerie préférée pour y découvrir d’autres produits moi-même car c’est la moitié du plaisir.

Cependant, depuis Février 2017, Amazon prévoit d’ajouter la livraison de plantes vivantes à son énorme offre. Dès lors que ce géant de l’e-commerce s’attaque à un tel marché de niche, les jardineries et commerces traditionnels n’auront d’autre choix que de renouveler leur offre de services et repenser leur modèle économique en intégrant toutes les facilités du numérique ( site d’information, services de commande et de livraison, etc.)

L’ubérisation de votre jardinerie ou de votre magasin de décoration passe par un renouvellement en profondeur de votre activité.  Voici quelques idées pour démarrer votre réflexion.

Des services innovants et connectés.

Des expériences clients connectées.

  • Un système d’abonnements pour des prestations de jardinage simples et pratiques pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans le jardinage et être guidé dans leurs choix et pratiques.
  • Offrez un forfait mensuel aux passionnés de jardin pour leur permettre de découvrir des plantes moins connues ou des outils qu’ils n’ont jamais utilisés.
  • Proposez des services de montage pour les installations plus complexes.

Des interfaces connectées

  • Explorez toutes les possibilité du web-to-store, du social-to-store, du m-commerce ou du s-commerce, adaptez vos services de livraison à domicile aux attentes des plus jeunes (plus rapides, plus connectés).
  • Créez une plateforme, un espace connecté où vous mettrez en contact des jardiniers et décorateurs amateurs éclairés et les débutants qui souhaitent apprendre à leur rythme. Vous offrez un service à la communauté tout en faisant connaître vos produits et services. Exemple : www.greenastic.com

Des services à la demande

  • 100% variables, pas de frais fixes d’implémentation. En faisant appel à des talents rémunérés à la mission, le distributeur ne paie que si le service est rendu à son client.
  • Forcément profitables. Le paiement à la mission permet de piloter la marge du service, les bénéfices de fidélité, de cross sell et de préférence étant en plus.
  • Totalement élastiques. Avec des millions de jardiniers et décorateurs amateurs cherchant des revenus complémentaires, l’offre de service est quasiment infinie et peut être assez facilement mobilisée par des plateformes
  • Qualitatifs. Grace au système d’évaluation par le consommateur, le donneur d’ordre à la garantie de pouvoir s’appuyer uniquement sur des talents compétents.

Valorisation des communautés et de l’économie collective

  • Encourager la création de communautés de passionnés
  • Valoriser l’expérience-client par des ateliers réguliers spécialement dédiés aux générations Y & Z.
    C’est une opportunité pour eux de se tenir au courant des tendances et des dernières technologies au service du jardinage ou de la décoration.